Pourquoi NMS est une merveille, et pourquoi le studio Hello Games ne mérite pas cette déferlante de haine

C’est dix jours après la sortie et, durant lesquels j’ai accumulé une cinquantaine d’heures de jeu que je me pose quelques instants pour moi aussi, débattre de No Man’s Sky. En sa faveur pour changer un peu, car à mon sens NMS ne mérite pas tout ce lâché de frustration (et aucun studio ni aucun titre d’ailleurs). Cette expérience proposée par Hello Games n’est pas sans défauts, mais les arguments mis en évidence par certains pour prouver que l’équipe à l’origine de cette pépite (car oui, sur plein d’aspects ce jeu est une merveille) n’est constituée que d’affabulateurs incompétents ne tiennent pas la route et sont parfaitement injustifiés. Après toutes ces heures de jeu je pense pourvoir dépeindre, moi aussi, le paysage de ce qui va et, ne vas pas dans NMS. Bien évidemment tout cela est personnel, pour moi la recette a fonctionné et malgré les nombreux crashs (jusqu’à quatre dans une seule session de jeu) quelque chose me pousse à remplir le formulaire de rapport de bug le plus soigneusement possible et y retourner.


En quoi c’est une merveille

Une chose m’a particulièrement accroché dans NMS, c’est sa toile de fond narrative qui laisse place à l’imaginaire. Nous avons oublié nos jeux 8bits ou il n’y avait alors que celui-ci pour combler les manques techniques permettant d’illustrer à l’aide de graphismes alléchants ce que l’histoire essayait de nous faire parvenir, de nous faire ressentir. NMS réintroduit cette notion avec des dialogues entre le personnage que nous incarnons et les différentes races, monolithes et artéfacts extraterrestres. Nous devons alors nous projeter, pour capter la situation qui se présente, afin de faire le bon choix.

Les énigmes sont certes pour le moment limitées et en faible quantité, mais à chaque fois le récit nous invite aux voyages, à la contemplation et à la réflexion. Une petite magie s’opère alors: «Que souhaite nous enseigner l’Atlas ?» Je suis très sensible aux rouages de notre univers, à son immensité et à notre place dans celui-ci. Il m’est facile d’éprouver ce sentiment d’ignorance, ce vertige devant ce que nous pouvons observer en levant les yeux. NMS, retranscris cela à merveille et après quelques heures de jeu une image apparait: «Nous n’allons pas pouvoir tout visiter, tout découvrir», il va falloir faire des choix. L’Atlas nous guide mais il n’est pas la réponse, la destination, bien que lointaine non plus. La vérité, si vérité il y a est en chemin. Nous sommes loin du jeu en couloir à déclenchement de scripts et de phases de jeu (et il y en a d’excellents) ce n’est simplement pas le propos de NMS. L’histoire ? C’est vous ! (il y a cette notion de «Livre d’ont vous êtes le héros» que j’affectionne également) et il va falloir prendre le temps pour peut-être ne rien trouver, je sais, nous n’en avons plus l’habitude.

Sans planète fixe

Un autre sentiment revient sans cesse, celui de l’expatrié cosmique laissant derrière lui une planète merveilleuse pour franchir une nouvelle frontière vers l’inconnu et voguer à coup sûr des heures à chercher ce que l’on vient tout juste de quitter car l’invitation au voyage est trop forte et les lunes arides et dépourvues de vie seront sans doute légion avant de retrouver le calme d’une vallée regorgeant de ressources aux conditions accueillantes.

NMS réussit avec brio cette diversité des mondes en nous invitant fréquemment à visiter grottes et lacs à la recherche de créatures non répertoriées. Regardez les Lives ou les «Let’s play» sur Youtube, certains proposent des vidéos de cinq heures ou plus. Quels autres titres, nous poussent de cette façon à continuer alors que les mécaniques de jeu se compte sur les doigts d’une main. L’univers est là, les fondations sont posées, laissons le temps à Hello Games de publier toutes les fonctionnalités auxquels ils pensent.

Hey Sean, vas-y monte sur scène !

Car oui pour le moment il y a des choses qui ne vont pas et une partie des joueurs pensent qu’il y a tromperies et mensonges. Ceci est partiellement vrai. Il n’est pas difficile de comprendre qu’avec la soudaine et immense attente des joueurs suite à l’annonce et au soutien de Sony pour NMS, quelqu’un à du se jeter à l’eau et devenir le communiquant pour l’équipe et le projet.

Cette communication de ce qu’il y aurait ou n’aurait pas dans le jeu n’a pas été très claire, faite dans la précipitation très certainement comme la sortie du jeu. Je pense que les fonctionnalités annoncées seront à terme dans le titre. Mais elles ne seront ni gratuites, ni comme on l’imagine. Le multijoueur en est un bon exemple. NMS n’est pas Star Citizen (ils le font très bien) sur certains points ce n’est même pas forcément un jeu mais une expérience contemplative avec des mécaniques de gameplay classique.

Difficile à vendre, difficile de satisfaire tout le monde, encore plus compliqué de dire non sans voir les gens se détourner du titre. Pour cela il faut un communiquant, une personne dont c’est le métier. Bien évidemment que les développeurs, les designers veulent toujours en ajouter et voir leur titre se développer et plaire. Encore une fois une grande partie des promesses vont voir le jour laissons le temps au studio de fixer les urgences, comme les crashs à répétition sur console. On peut noter que plusieurs patchs on déjà vu le jour sur PC ce qui de bonne augure. Entre une petite équipe indépendante et un titre sous les feux de la rampe il y a un monde et pour 20 personnes ils s’en sortent plutôt bien.

La répétition

Hello Games a des torts mais beaucoup de critiques sont à mon sens infondées et certaines font réellement preuve de mauvaise foi. L’argument de la répétition est à mon sens irrecevable, enfin je vais modérer mes propos, en disant que j’ai plus de mal à l’accepter d’un jeu issu d’équipe bien plus grande. On peut prendre en exemple Destiny, The Division, World of Warcraft, où l’on se retrouve à faire également les mêmes choses en boucle encore et encore, certes l’enrobage peut nous faire croire à de la variété mais en réalité il en est rien. Nombreux sont les titres AAA ou l’on se cogne rapidement aux limites du gameplay. NMS n’a pour le moment que peu de mécaniques mais un univers entier dans lequel s’étendre.

L’inexactitude et les aberrations de gameplay

NMS n’est pas une simulation réaliste et là pour le coup les choses étaient claires depuis les premières images aux couleurs improbables. Nous avons là une oeuvre contemplative où la réalité a été déformée pour servir un plaisir de jeu arcade et immédiat.

À l’image de Hackers (le film) ou naviguer dans un système UNIX s’apparente un trip sous LSD, NMS propose une version arrangée de la réalité scientifique pour servir un propos. Filmer le quotidien d’un développeur ou d’un hacker c’est poser une caméra à l’arrière d’une nana ou un mec assis devant sa console bash pendant des heures à taper des commandes incompréhensibles. Pas hyper vendeur. Les voyages dans NMS sont donc colorés, les distances entre les planètes raccourcies. Étés vous réellement prêt-à voir pendant quinze minutes un écran noir avec un faible point lumineux au loin ? Car tel est la réalité d’un trajet interplanétaire.

Nous avons également l’exemple du carbone que l’on peut trouver dans les bacs à fleurs à côté de certains extraterrestres nous demandant de payer justement en carbone le fait d’engager une discussion. Cela en choque certains. Mais qui n’a pas coupé de l’herbe dans un Zelda pour trouver des rubis ? Auriez-vous préféré reprendre votre vaisseau pour un allez-retour car vous n’avez pas pensé au carbone pourtant présent partout ? Ce n’est pas très logique, j’en conviens, mais cela fait partie des raccourcis pour assouplir un peu le gameplay.

Le débat autour des bugs et du prix à sa sortie

Enfin, il y a souvent l’argument du prix du jeu par rapport au nombre de bugs présent le jour de la sortie. Pour certains il y a un rapport entre le prix qu’ils sont prêts à payer un jeu et le nombre de défauts qu’ils vont y trouver. Un bug ruinant l’expérience de jeu, faisant quitter l’application n’est pas plus acceptable à 10, 30 ou 60 euros. Y aurait-il eu moins de critiques si le jeu avait été lancé à 30 euros ? Ce n’est pas sérieux. C’est mal connaitre le développement et les développeurs que de croire que la perspective de vendre un jeu plus cher, leur ferait corriger un plus grand nombre de bugs. Il y a pas d’intérêt particulier à laisser un bug.

Imaginez la scène suivante un jour de travail chez Hello Game :

En revanche le développement doit être arrêté pour sortir une version, et celle-ci n’était de loin pas exempte de crashs intempestifs. Ce n’est toujours pas ça, mais ça va venir. En attendant évitons ce rapprochement incongru entre le prix et les défauts. Nous achetons tous nos jeux pour nous évader, et les bugs sont frustrants car ils cassent immédiatement l’immersion, que l’on paye peu ou beaucoup. L’expérience s’en trouve grandement détériorée et encore une fois je ne crois pas à un public plus tolérant avec un prix moins élevé. Et très certainement pas dans le cas de NMS.

Pour finir

Je ne vais pas tarder à remonter dans mon vaisseau pour poursuivre cette aventure, et je vais sans doute dédier quelques articles à NMS pour illustrer mon aventure dans cette galaxie incroyable. Si vous savez être patient avec le petit studio de développement et que vous avez toujours rêvé de liberté et d’autres mondes, si vous aimez vous poser et observer, alors je vous recommande ce titre. Si vous disposez d’un PC l’achat sous Steam peut être une option avec des mises à jour fréquentes et des MODs qui améliorent un peu les choses. D’autres fonctionnalités arrivent comme la construction de bases, mais l’aventure principale (rejoindre le centre de la galaxie) peut déjà vous occuper un très grand moment. Il y a toujours de nouvelles planètes à découvrir, un nouvel objet à fabriquer pour aller voir plus loin.